vendredi 24 mars 2017

Le bocal de bonbons


Bonjour,

Un autre concours ici : http://short-edition.com/oeuvre/tres-tres-court/le-bocal-de-bonbons

Le but est d'écrire une nouvelle noire, commençant par "l'impact des gouttes sur le métal ". J'espère être dans le sujet et avoir quelques votes. Je la remets ici :



La bocal de bonbons.

L’impact des gouttes sur le métal lui fit fermer les yeux et savourer ce bruit doux et fort à la fois. La douceur du liquide entrant en contact avec le sol, le bruit métallique fort qui vient en retour du sol sur lequel il tombe. Les gouttes, au contact du sol, font naître une musique joyeuse dont il peut modifier le rythme en les interrompant dans leur parcours, il lui suffit d’arrêter leur trajectoire d’un doigt. Ce qu’il s’amuse à faire un moment, le regard vide, concentré par les informations que lui fournissent ses oreilles. Quel plaisir que le contact du liquide sur ses doigts, accompagné de cette petite mélodie. Il sent la force de la vie à travers ce contact, cette mélodie irrégulière mais pimpante malgré tout.

Il s’allonge sur le sol pour mettre la tête sous cette pluie bienfaisante. Il a l’impression que ce sol si dur sous lui, lui donne sa force. Cette force métallique et froide comme une lame de couteau mais également capable de produire des sons mélodieux. La fraîcheur du métal l’imprègne, le stimule. Les gouttes lui mouille le visage, lui procurant une sensation de paix et d’euphorie en même temps. Il a l’impression d’être tout puissant. Le liquide est chaud synonyme de vie, il contraste avec le froid du métal sous lui. La combinaison des deux le grise.

 L’odeur cuivrée qui l’envahie est si enivrante ! Qu’il se sent fort et amoureux dans ces moments là. Amoureux de la vie, de cette femme qui la lui donne. Elle a la tête penchée sur lui, il redresse la sienne lentement et lui embrasse les yeux, les joues, son petit nez si joli. Il lèche sur sa peau ce liquide goûteux, un peu salé, avec un goût si unique.

Il se rallonge pour savourer cette pluie chaude et douce, ferme les yeux et se baigne dans le bien être procuré. Il a l’impression de manger un bonbon, il le suce et celui ci fond doucement sur sa langue, lui procurant un plaisir indécible qu’il ressent jusqu’au tréfonds de son être. Un plaisir qui fait tendre sa verge d’impatience. Plus qu’un bonbon, c’est une drogue !

Mais cela ne lui suffit pas, il prend sa lame favorite, la lève et fait en sorte que ce flot de liquide accélère pour pouvoir se baigner dedans, il touche au cœur du bonbon, à ce moelleux si intense. Sa main enserre son pénis, qu’elle caresse et elle commence à bouger lentement d’abord puis plus rapidement pendant qu’il savoure la chaleur procurée par le flot liquide qui lui tombe désormais sur le torse par vagues régulières. Le plaisir monte tandis qu’il se vautre dans cette chaleur, baigné de bien être. Il le sent qui arrive et se déverse sur lui en un flot chaud qui se mêle au sang rouge qui le recouvre. Il a les yeux fermés et savoure le plaisir post coïtal, cette torpeur  pleine de sérénité. Au bout de quelques minutes, il contemple son ventre où se mêlent le blanc et le rouge, son sperme et le sang, ces deux sources de vie qui le revigore.

Il reste là jusqu’à ce que le froid le gagne. Il ouvre alors les yeux, se lève, et va prendre une douche bien chaude. Le plaisir est passé, il est si fugace.

Une fois propre, il revient prendre les grilles métalliques posées dans la piscine en plastique qui lui sert  à recueillir le sang. Les première fois, il n’utilisait pas ces grilles mais il se retrouvait à baigner dans le sang froid et cela ne lui plaisait pas. Là, le sang coule au travers des trous de la grille et lorsque tout est fini, il n’est plus recouvert que de sang séché, beaucoup plus facile à nettoyer. Une grande idée cette maison avec un sous sol comprenant une cave à vin au sol de terre battue pour conserver une certaine fraîcheur, d’une chambre d’amis et d’une salle de bain. Tout a fait ce qu’il lui fallait. Il l’a aménagé à sa façon. Il a fait posé une dalle en béton ciré dans la chambre avec une légère inclinaison afin que l’eau de la serpillière aille directement dans l’évacuation de la douche. Il a ensuite fait une ouverture entre la salle de bain et la chambre, soi disant pour faire une chambre chic avec salle de bain intégrée. En réalité pour pouvoir tout laver plus facilement. Il a divisé la cave à vin en deux et creusé dans une moitié un trou très profond. Dans l’autre moitié, il a entreposé la terre au fur et à mesure qu’il creusait. Bien sûr, ces travaux là, il les a fait seul. Cela lui a pris un mois.

Il décroche la jolie femme pendue par les pieds, les mains attachées dans le dos. Il la pose sur le plastique tâché placé sous elle, l’enveloppe et ferme bien le plastique des deux côtés, comme le bonbon qu’elle est. Il met du scotche de déménagement sur toutes les ouvertures éventuelles, cela aide pour les odeurs par la suite. Il la traîne dans la cave à vin ou il la dépose dans le trou, puis il la recouvre de terre. C’est la troisième, il a encore plein de place. Lorsque le trou sera rempli, il creusera l’autre moitié de la cave pour faire un autre trou. Il sourit, c’est en quelque sorte une réserve de bonbons usagés. A cette pensée, il éclate de rire. La vie est belle ! C’est avec plaisir qu’il nettoie la piscine et la vide ensuite vers la bonde de la douche. Une fois toute trace de sang enlevé, il reprend une douche bien chaude et va se coucher comme un bienheureux.

Quinze jours ont passés. Le manque commence à se faire sentir mais il n’en est qu’au début et il sait qu’il a encore du temps. Un autre plaisir commence, celui de la préparation, de l’anticipation. Penser au plaisir qui l’attend. Peut-être que cette fois, il prendra une fille aux cheveux longs, ça doit être pas mal, de pouvoir tenir ces cheveux dans sa main pendant le plaisir, cela pourrait également lui permettre de jouer sur le débit du sang. Ce sang qui lui permet de se sentir vivant, de ressentir quelque chose. La vie est terne sans cela, grise, sans émotions.

Il se trouve dans un café, en terrasse et regarde la foule. Ces personnes qui sourient, crient, pleurent, rigolent… quel étrange tableau. Lui ne ressent rien.  Il observe, dans le parc devant lui, le cours hebdomadaire de Taï Chi. Ce ne sont pas les mouvements qui l’intéresse mais les femmes, majoritaires dans le groupe. Il y en a de tous les âges, de toutes les formes. Certaines ont une peau de pêche, d’autres sont ridées comme une vieille pomme. Leur peau est blanche, café au lait ou noire. Il préfère les blanches car leurs veines, leur trésor, se voient mieux. C’est comme si il voyait la vie circuler en elles. Certaines sont rondes, d’autres aussi fine qu’une brindille d’herbe. Il les observe toutes, les jeunes mais aussi les plus âgées. Elles sont toutes belles à leur façon. Il imagine le goût qu’elles peuvent avoir. La petite blonde là bas, a l’air bien appétissante, ou la petite brune bien potelée, ou encore celle au cheveux argentés avec sa peau ridée et ces veines qui ressortent. Quel choix ! Cela lui donne l’impression d’être devant un bocal de bonbon géant. Il sourit et profite du spectacle. Bientôt, il ira dire bonjour à une de ces belles créatures mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui il doit préparer ses affaires, vérifier que le crochet au plafond est bien fixé, placer la piscine dessous avec le plastique et les grilles métalliques. Préparer la corde et le scotche….

Il ferme les yeux de contentement, bientôt il entendra de nouveau l’impact des gouttes sur le métal.

Hélène Leroux, le 22 mars 2017





 

mercredi 8 mars 2017

De nouveaux haïkus



Posé sur la feuille
Tu te caches immobile
Lézard aux yeux bleus.

Hélène Leroux, 22 Février 2017


Assise, je t’écoute
Me raconter des merveilles
Importantes pour moi.


Hélène Leroux, 22 Février 2017

Lumière dans ma vie
Tout petit dans mon ventre
Déjà si présent.

Hélène Leroux, 22 Février 2017